Mu par l’idée d’une fusion organique entre les univers sonores électroniques, acoustiques et la vidéo, JJAF Percussion, la compositrice-vidéaste Rocío Cano Valiño et le compositeur-vidéaste Demian Rudel Rey relèvent le défi de concrétiser cette conception du spectacle vivant à laquelle nous appelle le monde d’aujourd’hui. Au travers d’une oeuvre musicale et visuelle originale, le projet enclenche un long processus de création qui développe élément par élément un dispositif innovant qui se déploie en une électronique et une vidéo complexes, interconnectées à un vaste set instrumental de percussion.  

Avec une attention singulière portée aux phénomènes de perception, au sentiment d’espace mais aussi à l’immersion par les différents sens, le spectacle repense intégralement la forme du concert en ayant l’ambition d’entériner une corrélation entre les rôles de l’interprète, du compositeur, de la machine et du spectateur. 

Grâce à différents procédés techniques permis aujourd’hui d’une part par la captation du son, le traitement électronique et la spatialisation, d’autre part par l’enregistrement, la diffusion vidéo, les jeux de lumière et la modulation de ces éléments par leur mise en réseau, la scène est transformée en un espace où se déploient divers horizons sonores et visuels façonnés au rythme des musiciens et des spectateurs. 

Textures de percussions violentes voire acharnées et longue plage plus contemplatives se succèdent selon une trame nuancée par l’interaction entre tous les protagonistes (via des outils tels que la vidéo 360, le mapping ou via la participation du public), laissant une « vie libre » à l’oeuvre. 

« Antrum Agora » fait référence à l’allégorie de la caverne (La République, livre VII, Platon) : cette célèbre dualité exposée par Platon entre la « demeure souterraine » et le « monde d’en haut ». Dès lors, le spectacle se déploie dans une dialectique entre l’intérieur et l’extérieur. À l’instar des peintures d’Escher à double point de fuite ou à mouvement perpétuel tels que Chute d’Eau ou La maison aux escaliers, la frontière entre les images projetées et l’espace scénique est trouble. Elle égare les sens provoquant une distorsion entre notre perception de la caverne nécessairement illusoire et la réalité du monde extérieur, entre ce qu’un individu affirme être réel ou irréel. La vidéo et l’électro-acoustique, omniprésentes tout au long du spectacle, entraineront le spectateur dans ce tourbillon où musique et mise-en-scène ne font qu’un. 

Ainsi, n’existe plus un ensemble d’instruments, mais un méta-instrument augmenté à la fois sonore, visuel et virtuel ; ne demeurent plus une scène et un auditoire mais une salle de spectacle entièrement façonnée par l’expérience performative et sensorielle de tous.